Le Haïku n’est pas une pensée riche réduite à une forme brève, mais un évènement bref qui trouve d’un coup sa forme juste.

Roland Barthes

Lorsque le mal de vivre s’accroît, l’envie vous prend de vous installer dans un endroit paisible. Dès que vous avez compris qu’il est partout difficile de vivre, alors naît la poésie et advient la peinture.

Sosêki Natsume

La langue, oui – mais aussi ce silence qui la troue, l’amincit, filigrane clair, la dissipe presque dans sa lumière.

 

Yves Bonnefoy

Quoi que nous soyons en train de faire à un moment donné, nous ne devons pas perdre de vue que ce que nous faisons est en corrélation avec notre nature profonde. Là réside la poésie.

Basho

Le sens n’est qu’un flash, une griffure de lumière; mais le flash du haïku n’éclaire, ne révèle rien : il est celui d’une photographie que l’on prendrait soigneusement (à la japonaise), mais en ayant omis de charger l’appareil de sa pellicule.

Roland Barthes

Le Haïku nous fait souvenir de ce qui ne nous est jamais arrivé. En lui nous reconnaissons une répétition sans origine, un évènement sans cause, une mémoire sans personne, une parole sans amarres.

Basho

Citations

Nicolas Bouvier

Ici l’oeil travaille dur, et sans arrêt. Il ne reste plus rien pour la cervelle .Tout ce qui relève du domaine graphique, le Japonais pourront le faire à merveille. Mais ils ne pourront pas vous l’expliquer.

Roland Barthes

C’est une sorte de sonnerie, dessin de cloche très bref, unique et cristallin qui dit : je viens d’être touché par quelque chose. Voilà ce que ça veut dire, le haïku. 
Et d’un autre côté (qui est l’autre côté de la contradiction) : cet instant pur, c’est à dire sans compromission, qui semble ne se compromettre dans aucune congélation (c’est un instant absolument frais : comme si on mangeait la chose notée, sur l’arbre même, comme un animal qui broute l’herbe vivante de la sensation), donc, cet Instant semble dire aussi : je sonne tout de suite, dans l’instant, mais c’est pour que tu te souviennes, c’est un instant qui a vocation de Trésor. 
« La préparation du roman » Cours au collège de France 1988-79 1979-80)/ Le Seuil

Sôseki

Sôseki

Il ne s’agit pas de projeter le monde. Il suffit d’y poser son regard directement, c’est là que naît la poésie, c’est là que le chant s’élève. Même si l’idée n’est pas couchée par écrit, le son du cristal résonne dans le coeur.
(Oreiller d’herbes)

Olivier Adam

Qu’il s’agisse d’écrire ou de lire tout est affaire de présence. Et c’est à cela que nous invite le haïku : accroître notre présence, densifier notre rapport au réel, aux autres, à nous-mêmes. Habiter poétiquement le monde, en somme. Rien de plus contemporain. Rien de plus moderne. Rien de plus urgent.

Bergounioux

Bergounioux

Le vert est fade, froid, humide fraîcheur des mousses et des gazons anglais, clarté d’aquarium du sous-bois, étangs morts tapissés de lentilles d’eau, murs tournés au nord, courettes humides scolopendres des puits, terne duvet des bols d’hiver entre les rideaux de claire-voie des arbres émaciés. Sons sens ne nous trompent pas. On frissonne. Une impatience nous prend de sortir, de retrouver la gloire de l’été, l’or des moissons, le soleil.

Sôseki

Le printemps nous endort. Les chats oublient d’attraper les souris et les hommes oublient leurs dettes. On oublie alors le lieu de son âme et notre raison s’égare. Ce n’est qu’à la vue des fleurs de colza qu’on s’éveille. Quand on entend le chant de l’alouette, on reconnaît l’existence de son âme.