(…) d’un côté il est évident que le haïku n’est pas un acte d’écriture à la Proust, c’est à dire destiné à « retrouver » le Temps (perdu) ensuite et après coup (…) par l’action souveraine de la mémoire involontaire. Dans le haïku, il s’agit au contraire de trouver (et non pas de retrouver) le Temps tout de suite et sur le champ ; le Temps est sauvé tout de suite comme si il y avait concomitance de la note (de l’écriture) et de l’incitation, comme s’il y avait une fruition (ce mot existe en français, n’en doutez pas, c’est dans Montaigne, une jouissance) immédiate du sensible et de l’écriture, l’un jouissant par l’autre grâce à la forme haïku. Donc, dans le haïku, il y a une écriture de l’instant, une écriture absolue de l’instant.

« La préparation du roman » Cours au collège de France 1988-79 1979-80)/ Le Seuil p 112- 113.

Roland Barthes

Barthes

Plus de Barthes ?

LECTURES