Le poète a le devoir de disséquer lui-même son propre cadavre et de rendre public les résultats de sa propre autopsie. Il y a pour cela divers moyens. Mais le plus simple est de résumer en dix sept syllabes tout ce qu’on trouve à portée de sa main. Les dix sept syllabes constituent la structure poétique la plus commode à maîtriser : on peut l’appliquer aisément en se lavant le visage, en allant aux toilettes, en prenant le train. La facilité de l’usage de ces dix sept syllabes implique celle de devenir poète : il ne faut pas mépriser cette activité sous prétexte qu’elle est trop accessible et que la poésie exige une sorte d’initiation. Je pense que la commodité est au contraire une vertu qu’il convient de respecter.
(Oreiller d’herbes)

Sosêki Natsume

Sosêki