Du feu qui crépite
dans la haute haie de frênes
l’écho répété
Les tiges de bambous
explosent en raffale
– feu d’automne
Du feu qui crépite
dans la haute haie de frênes
l’écho répété
Les tiges de bambous
explosent en raffale
– feu d’automne
Entre les orties
le bras tendu j’ai saisi
à deux doigts, la noix
La fumée s’élève
encore trois hirondelles
dans le bleu du soir
Sous le vent du nord
au matin après la pluie
tout danse, étincelle
C’est une sorte de sonnerie, dessin de cloche très bref, unique et cristallin qui dit : je viens d’être touché par quelque chose. Voilà ce que ça veut dire, le haïku.
Et d’un autre côté (qui est l’autre côté de la contradiction) : cet instant pur, c’est à dire sans compromission, qui semble ne se compromettre dans aucune congélation (c’est un instant absolument frais : comme si on mangeait la chose notée, sur l’arbre même, comme un animal qui broute l’herbe vivante de la sensation), donc, cet Instant semble dire aussi : je sonne tout de suite, dans l’instant, mais c’est pour que tu te souviennes, c’est un instant qui a vocation de Trésor.
« La préparation du roman » Cours au collège de France 1988-79 1979-80)/ Le Seuil
Nuée de papillons
au-dessus des asters
–
leur si folle ivresse
Sous le figuier
la nuit est déjà tombée
son parfum exhale
Quelques noix dans l’herbe
quelques figues haut perchées
de mon jardin, l’offrande
Derniers coups des fusils
leurs longs échos
tranpercent la fin du jour
Loin de mon jardin
perdu jusqu’au souvenir
du parfum du monde