Jardin d’automne
Jardin d’automne (3)

Jardin d’automne (3)

Du feu qui crépite
dans la haute haie de frênes
l’écho répété

Les tiges de bambous
explosent en raffale
– feu d’automne

jardin d’automne (2)

Entre les orties

le bras tendu j’ai saisi

à deux doigts, la noix

La fumée s’élève

encore trois hirondelles

dans le bleu du soir

Sous le vent du nord

au matin après la pluie

tout danse, étincelle

Roland Barthes

C’est une sorte de sonnerie, dessin de cloche très bref, unique et cristallin qui dit : je viens d’être touché par quelque chose. Voilà ce que ça veut dire, le haïku. 
Et d’un autre côté (qui est l’autre côté de la contradiction) : cet instant pur, c’est à dire sans compromission, qui semble ne se compromettre dans aucune congélation (c’est un instant absolument frais : comme si on mangeait la chose notée, sur l’arbre même, comme un animal qui broute l’herbe vivante de la sensation), donc, cet Instant semble dire aussi : je sonne tout de suite, dans l’instant, mais c’est pour que tu te souviennes, c’est un instant qui a vocation de Trésor. 
« La préparation du roman » Cours au collège de France 1988-79 1979-80)/ Le Seuil

Jardin d’automne

Nuée de papillons

au-dessus des asters
–
 leur si folle ivresse

Sous le figuier

la nuit est déjà tombée

son parfum exhale

Quelques noix dans l’herbe

quelques figues haut perchées

de mon jardin, l’offrande

Automne (4)

Automne (4)

Derniers coups des fusils
leurs longs échos
tranpercent la fin du jour

Loin de mon jardin
perdu jusqu’au souvenir
du parfum du monde