Fuji blanc, parfait
un nuage te manquait
qui bientôt, s’élève
Quand il apparaît
c’est toujours la première fois
Ô blanc Fuji San !
Fuji blanc, parfait
un nuage te manquait
qui bientôt, s’élève
Quand il apparaît
c’est toujours la première fois
Ô blanc Fuji San !
Les images d’un certain Japron traditionnel invitent irrésistiblement le voyageur à l’art du haïku. Dix-sept syllabes suffisent à tisser d’un seul vers sur lequel passent les quelques perles de deux ou trois sensations où se résume l’univers. Cela fait de la matière d’une illumination très convenable et dont n’importe quel esprit puisse se satisfaire.
Tokyo n’en finit pas
au long soupir du train
soudain, la montagne
Déjeuner déballé
boules de riz, nori
dans le train l’air du large
Kimonos précieux
sur les trottoirs de Ginza
la soie se souvient
L’enfant à genoux
sur la scène du kabuki
immobile et blanc
Sous le réverbère
J’ai dû te pousser du pied
crapaud belliqueux
Déluge d’avril –
les azalées pour s’ouvrir
n’attendaient que toi
Le Haïku nous fait souvenir de ce qui ne nous est jamais arrivé. En lui nous reconnaissons une répétition sans origine, un évènement sans cause, une mémoire sans personne, une parole sans amarres. Ce que je dis ici du Haïku je pourrais le dire aussi de tout ce qui advient lorsqu’on voyage dans ce pays que l’on appelle le Japon. Car là-bas, dans la rue, dans un bar, dans un magasin, dans un train, il advient toujours quelque chose.
( L’empire des signes)