C’est une sorte de sonnerie, dessin de cloche très bref, unique et cristallin qui dit : je viens d’être touché par quelque chose. Voilà ce que ça veut dire, le haïku.
Et d’un autre côté (qui est l’autre côté de la contradiction) : cet instant pur, c’est à dire sans compromission, qui semble ne se compromettre dans aucune congélation (c’est un instant absolument frais : comme si on mangeait la chose notée, sur l’arbre même, comme un animal qui broute l’herbe vivante de la sensation), donc, cet Instant semble dire aussi : je sonne tout de suite, dans l’instant, mais c’est pour que tu te souviennes, c’est un instant qui a vocation de Trésor.
« La préparation du roman » Cours au collège de France 1988-79 1979-80)/ Le Seuil
Jardin d’automne
Nuée de papillons
au-dessus des asters
–
leur si folle ivresse
Sous le figuier
la nuit est déjà tombée
son parfum exhale
Quelques noix dans l’herbe
quelques figues haut perchées
de mon jardin, l’offrande
Fin d’été (3)
Elle nous a surpris
cette explosion de poussière
au vol des perdrix
Juste un peu de jaune
dans la chevelure du saule
vent de fin d’été
Nuit d’été
Les bambous s’égouttent
sous le ciel semé d’étoiles
fraicheur retrouvée
Dans la nuit d’août
pas un chant, pas même un cri
seuls les arbres rêvent
Filant à mes pieds
l’ombre pâle au pas furtif
était-ce un renard ?
Fin d’été (2)
Sous la pluie d’orage
l’odeur de l’eau nous revient
comme un souvenir
Lendemain d’orage
les hortensias reverdissent
avec insolence
Fin d’été
Sans passer le seuil
nous écriant tour à tour
Qu’il fait chaud dehors !
L’été fut si long
que j’ai fini par apprendre
à tuer les mouches


