Citations
Bergounioux

Bergounioux

Le jaune, lorsqu’il est vif, est la parure de la terre. C’est l’or et la gloire des moissons, midi, le plein été, la magie des lampes dans le bleu du soir, la flamme, les fleurs qui escortent la marche du soleil, la resplendissante lessive du couchant et le champ des étoiles. (…) Mais que le jaune perde de son éclat et c’est vers l’extrémité opposée, au plus bas de nous-même que nous sommes tirés. (…) Il n’est au pouvoir de personne de se débarrasser de sa pensée, de s’empêcher d’anticiper. Sous le jaune le plus brillant, la richesse et le rayonnement des instants qu’il magnifie, leur contraire est tapi. Qu’ils palissent, s’éloignent, et voici l’anémie, l’indigence, la désolation, l’accablement et nous savons bien qu’ils pâliront.
« Couleurs ». P Bergougnioux et Joël Leick. Ed Fata Morgana 2011

Yves Bonnefoy

Yves Bonnefoy

La langue, oui – mais aussi ce silence qui la troue, l’amincit, filigrane clair, la dissipe presque dans sa lumière

Roland Barthes

Il s’amincit jusqu’à la pure et simple désignation : “c’est cela, c’est ainsi”, dit le haïku, ou mieux encore : “Tel!” dit-il, d’une touche si instantanée et si courte que la copule y est encore de trop, comme le remords d’une définition interdite, à jamais éloignée. Le sens d’un flash, une griffure de lumière.

Roland Barthes (…)

Roland Barthes (…)

Le Haïku n’est pas une pensée riche réduite à une forme brève, mais un évènement bref qui trouve d’un coup sa forme juste.

Olivier Adam

Au fond il s’agit moins de décrire que de ressentir. L’écriture, nue à l’extrême, se dépouille de tout ce qui encombre pour se faire sismographe du moindre tressaillement. A fleur de peau, les yeux, les oreilles grands ouverts, il y a, là aussi leçon d’écriture : il faut rester à la surface, s’en tenir à l’épiderme, ne pas s’embourber dans les méandres de la psychologie, du ressassement, et ne se fier qu’aux signes, aux manifestations.
Préface à “la Lune et moi”. Ed Points 2011

Roland Barthes

Le haïku ne décrit jamais : son art est contre-descriptif, dans la mesure où tout état de la chose est immédiatement, obstinément, victorieusement converti en une essence fragile d’apparition (…)