Citations
Sôseki Natsume

Sôseki Natsume

Le poète a le devoir de disséquer lui-même son propre cadavre et de rendre public les résultats de sa propre autopsie. Il y a pour cela divers moyens. Mais le plus simple est de résumer en dix sept syllabes tout ce qu’on trouve à portée de sa main. Les dix sept syllabes constituent la structure poétique la plus commode à maîtriser : on peut l’appliquer aisément en se lavant le visage, en allant aux toilettes, en prenant le train. La facilité de l’usage de ces dix sept syllabes implique celle de devenir poète : il ne faut pas mépriser cette activité sous prétexte qu’elle est trop accessible et que la poésie exige une sorte d’initiation. Je pense que la commodité est au contraire une vertu qu’il convient de respecter.

(Oreiller d’herbes)

Sôseki Natsume

Sôseki Natsume

Lorsque le mal de vivre s’accroît, l’envie vous prend de vous installer dans un endroit paisible. Dès que vous avez compris qu’il est partout difficile de vivre, alors naît la poésie et advient la peinture.

(Sôséki Natsumé. Oreiller d’herbes)

Philippe Forest

Philippe Forest

Le Haïku n’est l’expression d’aucune sagesse, juste une incision très légère faite dans la trame du temps, la césure nette et infime par où se laisse apercevoir la vrille d’un vertige ouvrant sur nulle part, précipitant le passage du présent puis le suspendant sur la pointe insignifiante d’un seul instant.


Aragon

Aragon

Tout le bizarre de l’homme et ce qu’il a en lui de vagabond et d’égaré, sans doute pourrait-t-il se tenir dans ces deux syllabes : jardin

Sôseki

Les haïkus et les poèmes que j'ai conçus pendant ma maladie ne sont pas le résultat d'une  recherche destinée à tromper mon ennui non plus que le résultat de l'oisiveté, non. Mon coeur, libéré de la pression de la vie réelle, revenu à sa liberté originelle, a pris la...

Roland Barthes

Roland Barthes

(…) d’un côté il est évident que le haïku n’est pas un acte d’écriture à la Proust, c’est à dire destiné à « retrouver » le Temps (perdu) ensuite et après coup (…) par l’action souveraine de la mémoire involontaire. Dans le haïku, il s’agit au contraire de trouver (et non pas de retrouver) le Temps tout de suite et sur le champ ; le Temps est sauvé tout de suite comme si il y avait concomitance de la note (de l’écriture) et de l’incitation, comme s’il y avait une fruition (ce mot existe en français, n’en doutez pas, c’est dans Montaigne, une jouissance) immédiate du sensible et de l’écriture, l’un jouissant par l’autre grâce à la forme haïku. Donc, dans le haïku, il y a une écriture de l’instant, une écriture absolue de l’instant.