Saisons

Hiver (8)

Les regrets s’étirent
Le long des rails infinis
puis le train s’ébroue

Les errants des gares
embrassent leurs enfants-chiens
leurs lèvres percées

J’ai fendu la foule
parvis de la Gare du Nord
traversée d’Afrique

hiver (7)

Langueur d’un dimanche
ne rien se promettre, attendre
que le jour finisse

Longeant le canal
J’ai vu la journée mourir
Dans ses eaux glacées

Contre la fenêtre
Le son de la pluie glacée
sur mes yeux brulants

hiver (6)

hiver (6)

Déjà le retour
Le froid cingle sur le quai
– Et que reste-t-il ?

hiver (5)

hiver (5)

Pas lent de mon père
si chancelant à mon bras –
nous avons mille ans

Il m’a demandé :
– Et ton père quand est-ce qu’il meurt ?
Et il m’a souri

Olivier Adam

Au fond il s’agit moins de décrire que de ressentir. L’écriture, nue à l’extrême, se dépouille de tout ce qui encombre pour se faire sismographe du moindre tressaillement. A fleur de peau, les yeux, les oreilles grands ouverts, il y a, là aussi leçon d’écriture : il faut rester à la surface, s’en tenir à l’épiderme, ne pas s’embourber dans les méandres de la psychologie, du ressassement, et ne se fier qu’aux signes, aux manifestations.
Préface à “la Lune et moi”. Ed Points 2011

Roland Barthes

Le haïku ne décrit jamais : son art est contre-descriptif, dans la mesure où tout état de la chose est immédiatement, obstinément, victorieusement converti en une essence fragile d’apparition (…)