Paris (4)

La ville, la nuit
la couleur de son ciel
nul ne peut la nommer

Autour de ma lampe
la grosse mouche ne vole plus
il est donc si tard ?

J’ai éteint la lampe
pour mieux écouter la pluie
elle cesse aussitôt

Paris (3)

J’ai fendu la foule
Parvis de la Gare du Nord
Traversée d’Afrique

Metro aérien
le parfum du budleia
l’ai je rêvé ?

Le ciel est si gris
que soudain mes mains retombent
A quoi bon partir ?

Paris (2)

Bain de voix d’ailleurs

dans la rumeur du marché

tentation de fraise

Sous le bleu du ciel

pédalant avec lenteur
– 
avalant l’air sale

Me tordant le cou

pour lire la tranche des livres
Dans la librairie

Paris

Dix bouées sur le canal
pour s’y percher
onze cormorans se disputent

Tout autour de moi
des pas frottent les pavés
pas un seul regard

Elle a dérangé
pour s’asseoir au bout du banc
les deux amoureux

Roland Barthes

Roland Barthes

C’est une sorte de sonnerie, dessin de cloche très bref, unique et cristallin qui dit : je viens d’être touché par quelque chose. Voilà ce que ça veut dire, le haïku. 
Et d’un autre côté (qui est l’autre côté de la contradiction) : cet instant pur, c’est à dire sans compromission, qui semble ne se compromettre dans aucune congélation (c’est un instant absolument frais : comme si on mangeait la chose notée, sur l’arbre même, comme un animal qui broute l’herbe vivante de la sensation), donc, cet Instant semble dire aussi : je sonne tout de suite, dans l’instant, mais c’est pour que tu te souviennes, c’est un instant qui a vocation de Trésor.