Paris (4)
La ville, la nuit
la couleur de son ciel
nul ne peut la nommer
Autour de ma lampe
la grosse mouche ne vole plus
il est donc si tard ?
J’ai éteint la lampe
pour mieux écouter la pluie
elle cesse aussitôt
La ville, la nuit
la couleur de son ciel
nul ne peut la nommer
Autour de ma lampe
la grosse mouche ne vole plus
il est donc si tard ?
J’ai éteint la lampe
pour mieux écouter la pluie
elle cesse aussitôt
J’ai fendu la foule
Parvis de la Gare du Nord
Traversée d’Afrique
Metro aérien
le parfum du budleia
l’ai je rêvé ?
Le ciel est si gris
que soudain mes mains retombent
A quoi bon partir ?
Bain de voix d’ailleurs
dans la rumeur du marché
tentation de fraise
Sous le bleu du ciel
pédalant avec lenteur
–
avalant l’air sale
Me tordant le cou
pour lire la tranche des livres
Dans la librairie
Dix bouées sur le canal
pour s’y percher
onze cormorans se disputent
Tout autour de moi
des pas frottent les pavés
pas un seul regard
Elle a dérangé
pour s’asseoir au bout du banc
les deux amoureux
C’est une sorte de sonnerie, dessin de cloche très bref, unique et cristallin qui dit : je viens d’être touché par quelque chose. Voilà ce que ça veut dire, le haïku.
Et d’un autre côté (qui est l’autre côté de la contradiction) : cet instant pur, c’est à dire sans compromission, qui semble ne se compromettre dans aucune congélation (c’est un instant absolument frais : comme si on mangeait la chose notée, sur l’arbre même, comme un animal qui broute l’herbe vivante de la sensation), donc, cet Instant semble dire aussi : je sonne tout de suite, dans l’instant, mais c’est pour que tu te souviennes, c’est un instant qui a vocation de Trésor.